Bordeaux et Floirac : le nouveau quartier Belvedère sort de terre
Publié le 21/01/2020 à 9h41. Mis à jour à 16h58 par Yannick Delneste.
Un visuel du futur quartier – VISUELS GGAU A2STUDIO
Au débouché du pont Saint-Jean, rive droite, les travaux de ce nouveau quartier vont durer trois ans.
Une seule maison pour l’instant. Qui disparaîtra dans quelques mois. La Maison du projet du quartier Belvédère accueille badauds mais surtout acheteurs éventuels d’espaces qui seront construits sous la houlette du trio de promoteurs Nexity-Cogedim-Pitch. Ce dernier s’est vu confier la création et l’exploitation des 4 hectares à bâtir par l’aménageur public Euratlantique. Derrière la vitrine installée depuis l’été 2018, les premiers coups de pioche ont enfin lieu. Trois ans de chantier s’annoncent désormais pour cette entrée de ville à quelques flots de la gare Saint-Jean.
Un groupe scolaire de 18 classes ouvre le bal
Le chantier du groupe scolaire de 18 classes est le premier entamé sur les 3,9 ha à bâtir. CRÉDIT PHOTO : GUILLAUME BONNAUD
Pendant de longs mois, les passants n’ont vu que des gros monticules de terre immobiles à hauteur de l’échangeur entre pont Saint-Jean, quais Deschamps et de la Souys. « Plutôt que de planter de très nombreux pieux de fondation, nous avons pris le temps de compresser les terres », explique Stéphan de Faÿ, directeur d’Euratlantique.
Les leçons d’aménagement d’autres quartiers bordelais auraient-elles été retenues ? Après l’école Simone-Veil qui vient d’ouvrir ses portes au début du mois à Belcier rive gauche, Euratlantique a lancé la construction du groupe scolaire du Belvédère il y a quelques semaines. 18 classes de maternelle et élémentaire vont ouvrir progressivement à partir de la rentrée 2021. La maîtrise d’ouvrage est l’apanage du bailleur Mésolia puisque l’école sera au pied d’un ensemble résidentiel.
La place du Belvédère ouvrira le quartier
Le futur quartier du Belvédère rive droite, près du pont Saint-Jean CRÉDIT PHOTO : VISUELS GGAU A2STUDIO
Dans les deux mois qui viennent, le chantier des bâtiments dessinant la place publique au bord du quai Deschamps va lui aussi démarrer. Il s’agira de deux résidences emmenées par les promoteurs-aménageurs et d’un lieu gastronomico-socio-culturel imaginé sur le modèle de la Bellevilloise à Paris. « Renaud Barillet va développer sur 2 000 m2, un endroit de loisirs et de détente, ouvert à l’activité associative, rappelle Stéphan de Faÿ. Il vient de signer l’achat du site à Nexity. »
Rappelons aussi que Renaud Barillet à la tête du cluster Oriza, ouvrira ensuite, un autre lieu sur la rive droite, dans le nouveau quartier Brazza, au débouché du pont Chaban. Sous cette place emblématique, est prévu un parking de 300 places, et sur cette place de la taille de celle de la Bourse, une grande ombrière confiée à un artiste.
Du côté de Trégey, un îlot à dimension sociale démarre
À l’autre extrémité du nouveau quartier, les pelleteuses vont aussi entrer en action en ce début d’année. Le promoteur parisien Interconstruction et le bailleur Clairsienne y pilotent un îlot mixte près de la future place Trégey. Le premier va ériger un programme de 57 logements avec en rez-de-chaussée, un centre d’hébergement d’urgence qui remplacera la structure voisine existante.
45 chambres de deux lits y sont prévues, le centre sera géré par le Diaconat de Bordeaux. Interconstruction y proposera, lui, une résidence de tourisme social, de l’accession à la propriété et de l’habitant participatif. À proximité, la société des Sénioriales y ouvrira une résidence pour personnes âgées.
Commerces à loyers accessibles et tertiaire prisé
Sur les 9 000 m2 de commerces prévus dans le programme global, 4 000 seront concentrés autour et sur la place du Belvédère. « Nous avons imposé un loyer moyen de 200 €/m2 pour que les indépendants y aient accès », souligne Stéphan de Faÿ. Ce montant médian sera par exemple, 40 % moins élevé que dans les cellules de la halle Boca… où la plupart des occupants sont aujourd’hui des chaînes.
Côté bureaux où 50 000 m² sont programmés, le groupe bancaire Arkéa a acheté deux immeubles qui vont sortir rapidement de terre le long du boulevard Joliot-Curie. De l’autre côté de l’axe routier entre boulevard et voies ferrées, le Sdis vient d’obtenir le permis de construire de la nouvelle caserne des pompiers. Dans les six mois qui viennent, ce sont 50 % du nouveau quartier Belvédère qui vont être lancés.
Une maison du projet présente (et vend) les programmes immobiliers depuis l’été 2018.
Le nouveau quartier en chiffres
1 000 Plus d’un millier de logements (35 % à caractère social), soit 70 850 m2 seront construits sur le quartier du Belvédère. Il faut y ajouter 110 logements via des résidences de tourisme.
9 150 En mètres carrés, la surface de commerces programmés.
120 Le nombre de chambres de la nouvelle offre hôtelière
2023 La date estimée de livraison de l’ensemble.
>>> Le journal « Sud Ouest » s’associe à la plateforme Make.org afin de récolter les propositions et avis des habitants de Bordeaux à l’occasion des élections municipales, cette consultation permettra de mieux connaître les priorités des Bordelais.
Deschamps démarre aussi
Le nouveau stade Promis fera partie d’un grand jardin sportif
CRÉDIT PHOTO : VISUEL A. LAVIELLE
Mitoyen du Belvédère, ce secteur de la rive droite que réaménage Euratlantique part du quai du même nom jusqu’au gymnase Promis.
Le premier îlot construit par Fayat (notre édition de samedi) se termine, et à l’arrière, les travaux du grand jardin sportif sont en route : les réseaux sont installés, les grenouilles à réimplanter ont décalé le phasage d’un an, et Eiffage, titulaire du marché de travaux, commence à construire le nouveau stade Promis. Le promoteur Réalités va, lui, attaquer la construction d’une résidence de 160 logements avec gymnase de ville (et vestiaires du nouveau stade) en rez-de-chaussée, dans le prolongement de la rue Dunant.
Maquette numérique : une première
Pour la première fois, bâtiments privés mais aussi espaces publics seront aménagés via une base de données commune. Révolutionnaire.
Stéphan de Faÿ, directeur d’Euratlantique.
CRÉDIT PHOTO : ARCHIVES T. DAVID
Depuis quelques années, une révolution est en marche dans le BTP qui fut longtemps en retard dans ce domaine sur les collègues de l’aéronautique ou de l’automobile. La Building Information modeling (en français dans le texte) est désormais utilisée : il s’agit d’une maquette numérique unique d’un bâtiment, partagée par tous les acteurs intervenant dans sa construction, de l’architecte au peintre, du gros œuvre à la finition. Exemple parmi des centaines d’autres : où on repère qu’une conduite d’aération risque de gêner la pose d’un panneau ou d’une cloison.
C’est ainsi que la modélisation d’un avatar numérique de la construction permet de réduire considérablement les aléas de chantier, ses surcoûts et retards. La simulation interactive intègre tous les éléments de construction et leur agencement, prévenant ainsi nombre de galères sur le terrain, les mains dans le béton.
Attractivité nouvelle
L’établissement public d’aménagement Euratlantique impose désormais ce procédé à ses constructeurs depuis deux ans.
« Sur le Belvédère, nous allons généraliser ce processus à l’ensemble de la réalisation du quartier, c’est-à-dire aussi aux espaces publics, une première en France », explique le directeur d’Euratlantique Stéphan de Faÿ. « Outre les progrès en temps et en coûts que cela représente, cette nouvelle technique va permettre une attractivité nouvelle pour le secteur du BTP. »
TVK, l’agence d’urbanisme qui a pensé la mutation du périmètre Euratlantique sur la rive droite, vient d’être invité à Los Angeles avec Sogerop, le cabinet d’ingénierie technique par le producteur du logiciel numérique qu’ils utilisent. Objectif : présenter leur expérience bordelaise. Sur place au Belvédère, l’aménagement des espaces publics va d’abord démarrer de manière classique et la maquette numérique partagée prendra sa place dans quelques mois.
L’expression BIM deviendra alors obsolète et l’on parlera de City Information Building (CIM), en français dans le texte toujours…